Les Amis de l’Archéologie Palestinienne
Vieille ville de Naplouse, fabriques de savon, héritage culturel

Petite réflexion à propos du patrimoine palestinien.

article mis en ligne le jeudi 24 juillet 2008

Comment ne pas être sensible au patrimoine culturel de cette région du monde, berceau des civilisations. Comment ne pas se sentir petit face à ces monuments d’un autre temps parvenus jusqu’à nous ?

Quelques pas dans la vieille ville de Naplouse suffisent pour se rendre compte de sa beauté. Le surnom de "petite Damas" est justifié, mais ne suffit pas à la décrire.

Naplouse est à la fois calme et houleuse. Il est assez facile d’oublier que nous sommes dans une ville sous occupation militaire. Pour cela, il suffit d’ouvrir les yeux sur les collines environnantes, de regarder le soleil couchant, et d’apprécier le vent du soir faisant retomber la lourde chaleur.

Les rues de la vieille ville sont très actives et colorées. Le mouvement est incessant, et il est plus prudent d’être attentif à l’environnement, car tout va très vite. Lever les yeux sur les fruits et légumes aux couleurs enchanteresses, se laisser envahir par l’odeur du café à la cardamome et des épices, mordre à pleines dents dans une part de knafeh. Et oui, le patrimoine culinaire tient une place importante ici, cela fait partie intégrante de la culture, et relève d’une identité culturelle.

Autrefois il y avait 43 fabriques de savon à Naplouse. Ces savons sont traditionnellement fabriqués à base d’huile d’olive, ce qui, inutile de vous le dire, est bon pour la peau. Aujourd’hui, seules deux de ces fabriques sont encore en activité. C’est une tradition qui a du mal à survivre. À cela plusieurs raisons. Ce dur métier n’intéresse pas les jeunes, qui ne souhaitent pas prendre la suite de leurs parents. D’autre part, le marché est inondé de produits industriels, savons liquides entre autres, qui sont probablement plus attractifs pour les consommateurs. Enfin, la situation dans laquelle la ville se trouve empêche la commercialisation à grande échelle et l’exportation des produits.

Certaines fabriques tentent de renouveler la gamme de produits proposés, et ont l’espoir de convaincre les potentiels acheteurs.

Heureusement, les bâtiments n’ont pas tous soufferts, et certains sont même utilisés pour d’autres activités. L’une de ces fabriques est transformée en magasin d’épices. La douce odeur des savons à l’huile d’olive est donc perdue, mais à la place, c’est toutes les senteurs de l’Orient que l’on retrouve. Une fois entré dans ces lieux, il est dur de les quitter. La hauteur sous voûtes est impressionnante, et la pièce du fond est aménagée en une sorte de salon remplie d’objets typiques. Des tentures colorées sont accrochées au plafond, ce qui ne fait qu’augmenter les charmes de ce lieu.

Quelques habitants de Naplouse rêvent à des projets culturels. Malheureusement ils ne sont pas simples à mettre en œuvre, d’autant que cette conscience patrimoniale est à peine émergente. L’héritage culturel n’est pas considéré comme un enjeu majeur, étant donné la situation. Tout est donc à faire dans ce domaine. Comment faire comprendre que le patrimoine fait partie intégrante de l’identité ? Et dans ce contexte, l’identité est une notion primordiale.

Le peuple palestinien est en mal de reconnaissance, en mal d’État, en mal de vivre. Pourquoi ne pas se mobiliser autour de l’héritage culturel, qu’il soit matériel ou immatériel afin de se sentir à nouveau exister en tant que tel ?

La musique, les chants et danses traditionnels sont très présents ici alors qu’ils appartiennent au patrimoine immatériel. Comment dès lors faire comprendre que ces terres regorgent de témoignages historiques tangibles, de restes archéologiques qu’il est nécessaire de préserver ?

C’est probablement par la sensibilisation des jeunes générations que cette conscience patrimoniale peut naître et grandir. Envisager le patrimoine culturel comme part de leur histoire commune, passée et future. Cela devient indispensable et urgent. Agir tant qu’il est encore temps, afin de préserver les bâtiments, les sites archéologiques et les techniques traditionnelles.

Dans quelle ville est-il possible d’imaginer que les loyers des maisons anciennes de la vieille ville sont les moins chers. C’est pourtant le cas ici. Au lieu de saisir l’opportunité d’y vivre et de profiter du cadre, les nablusi (habitants de Naplouse) ne rêvent que de maisons neuves et modernes, plus pratiques et confortables à leurs yeux. Qui ne rêverait pas de vivre dans une de ces magnifiques maisons voûtées, aux murs enduits de chaux et peints de couleurs chaudes. Il semble que ce rêve ne soit pas partagé par tous. Nombreuses sont les maisons anciennes aux murs recouverts de carrelages industriels modernes et sans intérêt.

Cela fait mal au cœur, mais les choses sont ainsi ici. Pourtant l’espoir de jours meilleurs est toujours présent. Peu à peu les mentalités vont évoluer, du moins c’est ce que je souhaite au peuple palestinien.

Amal / Emeline Baude

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